Arrievée au sommet (6194 m)

"Le sommet, nous avons atteint le sommet, nous sommes extenués mais nous sommes parvenus au plus haut point ; plus haut, il n’y avait plus rien … Merci à tous de votre soutien, nous y avons été sensibles, nous avons ressenti les encouragements de vous tous qui nous aimez et nous réconfortez… Merci à notre principal sponsor, Dynatech-elevation, merci aussi aux institutions de Monzón, à la circonscription de Cinca Medio et à la municipalité de Monzón… Une pensée aussi pour la Fédération aragonaise d’alpinisme…."
Des mots haletants et remplis d’émotion, prononcés par un Raúl Martínez éreinté, rompu par le terrible effort qu’ils ont réalisés, Adrián Uclés et lui, pour culminer à 6194 m, au plus haut du Denali.
Pour en arriver là, cela n’a pas été facile : les entraînements, la recherche de sponsors qui croient en leur projet, dans une période aussi difficile que celle que nous vivons… Les frais que cela suppose, les achats… Le vol jusqu’à Anchorage, le transfert en autobus jusqu’à Talkeetna, un autre vol à destination de Kahiltna (2225 m), le transport de 50 kg de matériel en pulkas jusqu’à Ski Hill (2408 m), plus le trait des pulkas jusqu’à Kahiltna Pass (3048 m), puis Motorcycle Hill (3353 m), plus haut, Basin Camp ou Medical Camp (4328 m), portages jusqu’à Ridge Camp (4938 m) ; et enfin… les journées décisives.
Les deux Raúl et Adrián sont partis d’un pas décidé vers le CV, convaincus qu’il s’agissait de l’un des meilleurs moments, la météo donnait le milieu de la semaine comme moment le plus favorable, et ils devaient être là, se tenir prêts pour bomber le torse et se donner corps et âme. Mais… l’équipe a commencé à accuser le coup, beaucoup d’usure accumulée. Lorsqu’ils sont parvenus à l’arête, Raúl Ruiz a décidé d’abandonner, il était très fatigué, il n’en pouvait plus, il était conscient qu’il restait encore la descente et il n’était pas en conditions de continuer. Raúl R était arrivé à ce point de fléchissement où il devait choisir entre se diriger vers le haut ou vers le bas. Il pensait que s’il décidait de continuer, il pourrait se convertir en une charge pour l’équipe. Cette pensée fut décisive et il est aussitôt redescendu vers le CIV. L’histoire de l’alpinisme est remplie de gestes de ce type. Des hommes qui laissent leur ego et les lauriers de côté et font demi-tour. Sage décision, qui honore celui qui la prend. Il a effectué un travail fondamental dans cette aventure.
Adrián Uclés et Raúl Martínez, après un clin d’œil de compréhension, ont laissé leur compagnon derrière eux, avec l’intention de faire valoir son effort et d’arriver un peu plus haut. Ils ont passé la nuit au CV et se sont mis en route vers le sommet, d’un pas lourd et lent, mais d’un pas qui gravit, d’un pas décidé, déchirant le matin glacé. Un pas après l’autre, en progressant lentement, sans dire un mot, le silence interrompu par le bruit de la glace brisée par les crampons. Et après huit heures d’épreuve, à 18h30, ils ont atteint le point le plus haut de l’Amérique du Nord, le sommet si convoité du Denali. Ils sont tombés dans les bras l’un de l’autre, emportés par l’émotion, et leurs visages se sont illuminés d’un sourire disparate, une grande partie de leurs pensées a été vers le CIV et Raúl Ruiz, lui aussi était là-bas. Ils ont entamé la descente vers le CV, qu’ils ont achevée en trois heures. Dans ce lieu malheureux, ils sont entrés en communication avec nous pour partager leur joie, leur exploit.
Il reste désormais la descente par les cordes fixes et au bout des cordes, Raúl, au CIV. Autre moment unique, moment pendant lequel ils savoureront l’authentique exploit, le retour.
Un célèbre alpiniste disait : « une expédition qui a été une triple réussite ; ils sont tous revenus, ils sont revenus sains et saufs, et ils sont revenus plus amis que jamais… »
Ils nous informeront de leur arrivée au CIV dès que possible.